▪ Le teint clair, des boucles vertes encadrant son visage, c'est une jeune femme tout à fait charmante. De jolies prunelles émeraude, une fine bouche bien dessinée, un petit nez droit au milieu du visage, elle semble parfaite sans vraiment l'être. Belle, elle l'est assurément. Il est difficile de percevoir un quelconque défaut à cette personne par un simple coup d'œil. Elle mérite bien plus d'attention. Une longue et minutieuse observation, de long en large, de haut en bas. Elle a de fins bras ; elle ressemblerait presque à une araignée. Une magnifique araignée dans ce cas-là. Ses longues jambes blanches semblent interminables. Sa peau légèrement parsemée de couleurs rosées apportées par le soleil quotidien qui s'aime à régner sur Sucra Dream est délicieusement claire. Blanche. Laiteuse. Parfumée. On la mangerait presque. Presque.
Son ventre est à peine percevable, elle est mince, très mince ; sa taille est tellement fine qu'il ne serait pas étonnant de pouvoir faire le tour avec une seule main. Sa poitrine est rebondie, appétissante, elle vous invite à venir la regarder de plus près. Chaque parcelle du corps de Maze est une véritable expérience, un phénomène incroyable, un envoûtement. On hésite à choisir la voie de la raison, tant la magie parait présente dans cet être surnaturel. Oui, cet être. Une femme ne peut être si parfaite.

▪ STYLE VESTIMENTAIRE : Habituellement, Maze porte des vêtements clairs : blanc, neige, ivoire, pêche, saumon, rosé, violine, lilas, lavande, bleuté, bleu ciel, azur, citron, citron vert, soleil, orangé, sablé, beige, un véritable arc-en-ciel apaisant. Il fait rarement froid à Sucra Dream, c'est pourquoi elle apprécie la légèreté d'une tunique quotidienne, qui vient palper son corps et ses courbes. Un long pantalon de cuir qui lui colle à la peau, et qui permet à ses mouvements de rester fluides et souples, pour ne la gêner en aucun point. Il n'est pas rare de la voir se promener pieds nus ; elle ne fait pas attention aux épines, à l'herbe sèche, aux cailloux, aux insectes, aux bouts de verre, aux morceaux métalliques de vieilles cannettes de bière, non, elle n'y fait pas attention : elle les survole. Cependant, sachant qu'il n'est pas forcément très aimable de rester dans cette tenue plutôt sauvage, elle s'accorde à enfiler des souliers, qui ne font que recouvrir ses pieds sans réellement les protéger. Sa plante est suffisamment solide comme ça, à quoi bon mettre des chaussures ?
Lorsqu'il fait froid néanmoins, et qu'une tempête éclate dans la tête de Hane, Maze n'hésite pas à se couvrir d'un gros pull de laine à col roulé et même d'une couverture. C'est reposant. Agréable. Elle peut s'échapper comme bon lui semble et s'endormir au coin du feu, roulée en boule.

▪ TAILLE : Maze est grande. Très grande.

▪ POIDS : Elle est mince. Très mince. Presque maigre.

▪ AUTRES : Concentrons-nous sur sa belle crinière d'herbe. Magnifique. Elle déambule de part et d'autre de son visage, sur ses épaules, et se met en mouvement lorsqu'elle marche, lorsqu'elle court. Magnifique. Des reflets blonds au soleil, parfois jadéites lorsque la lumière nous joue des tours. Ni trop longs, ni trop courts, les cheveux de Maze nous entraînent dans un monde encore plus loin que Sucra Dream, encore plus imagé, plus farfelu, plus envoûtant. Magnifique.

▪ Les idées se bousculent dans la tête de Maze. Que faire, que penser, quand faut-il agir ? Son physique correspond réellement à sa personnalité. Elle est gentille, oui. Le mot parait faible, parait enfantin, mais c'est le terme adéquat pour une personne aussi douce que Maze. Elle est généreuse, tellement généreuse. Ses jolis sourires sont déjà un bien beau présent. Que demander de plus ? Ça n'a pas d'importance. Ça n'a plus d'importance. Maze est heureuse. Elle ne se souvient pas d'un début, elle n'imagine aucune fin, elle vit le moment présent, croque la vie à pleines dents, savoure cette existence qu'elle sait si précieuse. Elle aime son prochain, elle aide son prochain, elle fait tout ce qu'il faut pour que les gens qui partagent la vie qui est sienne soient heureux. Aussi heureux qu'elle. C'est beau, c'est magique. Impossible d'inventer quelqu'un d'aussi pur.
Pourtant, Maze n'est pas vraiment là. Elle est en permanence plongée dans ses pensées, le regard vide - non, pas vitreux - dans le vent, les bras brinqueballant, et on se demande à quoi elle peut bien penser, elle qui est si brillante, à quoi elle peut rien rêver, elle dont la vie est si parfaite. Quelque part on l'envie, quelque part on la plaint. Que lui arrive t-il, elle qui semble si forte ? Malheureusement sa générosité est rarement réciproque. Elle donne sans rien recevoir en retour. Elle donne sans réellement s'en apercevoir. Elle donne parce que c'est sa raison d'être, de vivre, de penser ; c'est normal. Le monde a besoin que l'on s'occupe de lui. Qui est mieux placée qu'elle pour s'acquitter de cette tâche ?
Maze est absente. Aucune importance tant qu'elle remplit son rôle. La bonne sœur. C'est exactement cela.

▪ PHOBIES : Bien sûr, Maze a peur. Elle est effrayée. Morte de trouille. Comme tout le monde, non ? Elle appartient à un monde qu'elle a du mal à percevoir, et elle a beau s'intégrer, elle se persuade de ne jamais faire assez. Oui, Maze a peur de la défaite ; c'est arrivé une fois, ça ne recommencera jamais, plus jamais. Mais le moindre doute la fait frémir, « Que faire si ça rate ? ». Elle craint de ne pas faire tout comme il faut, elle craint d'être mal perçue, et si elle voit parfaitement bien les sourires des gens à qui elle rend service, elle persiste à les prendre pour de l'hypocrisie. On pourrait quasiment dire qu'elle est paranoïaque. Elle est paranoïaque.

▪ TICS / MANIES : Sourire à tout bout de champ, je trouve que c'est une manie. Et si ça n'en était pas une, ça l'est devenu.

▪ POUVOIR : Maze incarne la Douceur. Réellement. Passionnément. C'est l'Allégorie qu'on a désignée. Elle apaise chaque cœur, chaque esprit, chaque être qui traverse son chemin. Maze ne le sait pas. Elle pense seulement qu'elle agit de la sorte pour se prouver quelque chose. C'est faux. Elle a été choisie. Sans aucun doute. C'est l'Élue.

Comment ton personnage réagit-il avec :

▪ SES AMIS : « Ses amis ? Mais tout le monde est l'ami de Maze, voyons ! ». Faux. Absolument faux. Grossière erreur. Un ami, c'est une personne qui compte sur nous, qui nous aime avant tout, qui pense à nous lorsqu'elle va mal, qui a confiance en nous. Un ami c'est une personne sur qui on peut compter, que l'on aime avant tout, à qui on pense lorsqu'on va mal, en qui on a confiance. Maze n'a pas d'amis. Elle n'a jamais de rencontre durable. Elle vogue, elle erre de terre en terre, de nuage en nuage, de plaine en plaine. Elle aide personne sur personne, enfant sur enfant, femme sur femme. Personne ne l'aide. Personne ne l'aime. Elle n'a jamais réussi à s'attacher à quelqu'un. Elle n'a jamais su percevoir les sentiments que certains habitants ont éprouvés pour elle, elle n'a jamais su percevoir la douceur qu'ils lui renvoyaient. Elle a été aveugle. Elle n'a pas le Don. Elle n'a pas su voir ce qui aurait été évident pour les autres. Elle n'a pas su voir ce qui était flagrant. Elle a sourit, elle a rit, elle a nourrit, elle a guérit, mais elle n'a jamais Ô grand jamais fait confiance à quelqu'un. « Bande d'hypocrites ! Moi je vous aide, et vous, vous vous contentez d'un hochement de tête, d'un sourire, d'un "merci" ; je vous hais, je vous déteste ! » Ça aussi c'est faux, bien évidemment. Maze est tellement douce, elle ne hait personne. Mais elle est douce, trop douce.

« Et voilà ! Tout va bien !
- Je vous remercie infiniment ! Vraiment Maze, je ne sais pas ce que j'aurais pu faire sans vous, vous êtes magique ! Incroyablement belle, qui plus est.
- Oh, je vous en prie, vous allez me gêner...
- Ce n'était point mon intention. Je tiendrais sincèrement à vous remercier, de quelque manière que ce soit ! Que puis-je faire pour vous aider ?
- Vous en avez déjà assez fait ! Vous n'avez aucun compte à rendre, et puis je n'ai besoin de rien !
- Vraiment ? Je suis certain qu'il y a quelque chose qui vous plairait !
- Absolument pas.
- Mais..je..
- Au revoir ! »

Non, elle ne s'en aperçoit pas. Et c'est toujours la même chanson.

▪ SES AMOURS : Un léger coup de foudre, un léger attachement, des broutilles. Un sourire plus sucré que d'habitude, plus merveilleux, plus magnifique. Un signe de la main. Un petit clin d'œil. Ça ne va pas plus loin et ses proies se retrouvent souvent déçues. Maze n'est pas une tentatrice, Maze n'est pas un péché.

« Maze ! Je vous raccompagne ?
- Me raccompagner ? Mais où ça, mon cher ami ?
- Eh bien, chez vous, pardi !
- Chez moi ? Je ne comprends pas ce que vous voulez dire.
- N'avez-vous pas un quelconque logis ?
- Mais enfin, n'avez-vous pas compris que j'étais une vagabonde ?! Je vais où le Destin me mène !
- Que c'est poétique ! Puis-je faire un bout de route en votre compagnie, alors ?
- Je m'en voudrais de vous arracher à votre village natal.
- Mais.. je..
- Au revoir ! »

C'est à peu près pareil lorsque c'est dans le sens inverse. Maze n'est pas l'Amour, Maze est la Douceur.
Sachez trouver la différence et Maze ne vous glissera plus entre les doigts : elle nagera entre vos phalanges.

▪ SA FAMILLE : Famille, famille, famille. « Je m'excuse, mais mon éducation n'est pas très étendue, et j'ignore la signification de ce mot. "Famille"... Quelle étrange consonance ! Mais je songerai à me renseigner, c'est promis ! »

Non, Maze n'a pas de famille. Comment pourrait-elle, elle qui n'est qu'un pan de l'immense imagination d'Hane ?
Elle ne connait pas de père, de mère, de frère ni de sœur. Elle vit seule et ne s'en plaint pas.

▪ Maze apparut. Tout apparut. Sucra apparut ; non disparut ; apparut ; disparut ? Je ne sais plus. Sucra Dream s'étendit de toute sa largeur et de toutes ses largesses.

Un pas. Deux pas. Trois pas. Maze avance petit à petit, les yeux écarquillés de bonheur, les lèvres les plus étirées possibles, la tête légèrement élevée. Elle découvre. Elle connait, elle apprend, elle ne connait pas. D'autres gens, d'autres êtres construits de la même manière qu'elle. Non c'est faux, ils sont tellement différents.

~

Il était déjà très tôt lorsque Maze ouvrit les yeux, étendue dans l'herbe. Aucun bruit. Calme, tout était si calme, le monde était si calme. Le silence régnait.
Elle se redressa, désormais en position assise, et tourna la tête pour apprécier le spectacle qui s'offrait à ses yeux. Une longue rue vide, quelques épiceries, quelques arbres. L'endroit où elle se trouvait était visiblement un parc, entouré de fines grilles qu'il était facile d'enjamber. Elle remarqua bien vite les panneaux habituels "Interdiction de fumer", "Pas de chien - même sans laisse", "Veuillez jeter à la poubelle tous vos détritus". Et là, au milieu de tout ce gazon, une fille. Non, c'est seulement le Soleil qui vous joue des tours : une fille n'a pas les cheveux verts. Si ? Si. En face d'elle, Maze aperçut un petit moineau. Elle ne l'avait pas entendu, l'oiseau étant si calme. Il la fixait de ses petits yeux naïfs, et à l'aide de petits sauts, s'approcha d'elle. Lorsqu'enfin un mètre les séparait, il s'arrêta.

« Viens ici, petit oiseau ! Je ne vais pas te manger ! »

Sa voix était douce, mielleuse, engageante. Le moineau ne s'y trompa pas : il reprit son avancée... jusqu'à sauter dans la main qu'elle lui avait tendue. Leurs regards s'effleurèrent, se croisèrent, s'éloignèrent, puis chacun plongea enfin ses yeux dans ceux de l'autre. L'un avec de petits yeux noirs puérils, l'autre avec des iris tellement verts. Une minute, deux minutes, trois minutes.
L'oisillon se mit à chanter.
D'une petite voix flutée claire, qui marquait le début de la journée.

Le ciel était très clair, et le soleil brillait d'un éclat limpide qui réchauffait le cœur de Maze. L'oiseau toujours dans la main, elle se leva tout doucement, en tâchant de ne pas le blesser. Sa voix retentit de plus belle. Au loin, on entendit d'autres oiseaux se joindre à lui dans cette magnifique ode matinale. Le monde était une pure merveille. Maze n'en douta pas une seule seconde.

~

Après l'épisode de l'oiseau, Maze avait choisi de s'aventurer dans les coins de cette petite ville, qui s'éveillait à peine. Le silence se rompit petit à petit, interrompu par des claquements de volets, des clochettes de magasin, des bruits de pas et des aboiements. C'était l'heure de la promenade ! Une dizaine de portes se ferma, laissant apparaître plusieurs maîtres accompagnés de leurs compagnons canins tenus en laisse, que Maze caressa du regard.
Appelée par son estomac bruyant, elle se dirigea vers une petite boulangerie, où une petite bonne femme rondelette l'accueillit d'un sourire chaleureux.

« B'jour m'z'elle ! Z'êtes bien matinale !
- Je n'aurais su résister à une si jolie journée !
- Qu'est-ce que ce s'ra pour vous ?
- Un croissant, une baguette et un éclair au chocolat, s'il vous plait !
- Tout d'suite. »

Derrière la petite vitrine qui cachait les gâteaux, la boulangère chercha les articles que Maze lui avait demandé. Après deux petites minutes, elle les avait mis dans une jolie boîte blanche, qu'elle tendit à Maze :

« Ca vous f'ra 7 livres, m'z'elle !
- Voilà pour vous. »

Maze avait sorti un billet de vingt livres de sa poche, qu'elle posa sur le comptoir avant de repartir rapidement.

« Beh ! Et vot' monnaie !? »

Inutile, elle était déjà partie.

Déambulant dans les rues du village, Maze mordait à pleines dents dans son croissant, se rassasiant progressivement.
Tout était parfait. Magnifique journée, magnifique repas, magnifique jeune fille. Trop beau pour être vrai.

Au coin de la rue, sa bouche se referma sans pouvoir s'ouvrir : une épaisse main la lui couvrait agressivement, et elle sentit un revolver sur sa tempe. Un cliquetis se fit entendre : le malfrat venait de charger l'arme.
Maze ne chercha pas à se débattre ni à parler. Elle attendait.

« Tu bouges pas, tu la boucles, et tu avances gentiment. Y'aura pas de problème. »

Maze hocha légèrement la tête et l'agresseur resserra son étreinte.

« Tu bouges pas, j't'ai dit ! »

Il avançait rapidement, et Maze sentait qu'il jetait des regards furtifs autour de lui : il avait peur.
Arrivés dans une ruelle sombre, ils se dirigèrent vers une petite porte en bois de chêne, couverte de poussière. L'homme la tira, poussant Maze à l'intérieur. Elle faillit perdre l'équilibre puis se redressa, une sourire aux lèvres.

« Qu'esta à sourire, abrutie ?! »

Il lui donna un coup de pied au genou pour la déstabiliser, mais il n'en fut rien. Son attitude resta identique.
L'homme ne chercha pas à comprendre. Il tapotait silencieusement son pistolet sur sa cuisse, montrant l'angoisse qu'il éprouvait.

« Vous devriez faire attention, vous risquez de vous faire mal. »

Il grogna en la regardant, toutefois interloqué, mais déchargea son pistolet. Cette fille était étrange. Elle n'avait pas peur. Pire encore : elle souriait, et elle l'aidait. Il ne lui posa aucune question. Pas la peine.

Maze finit par s'asseoir, croisant les jambes, la tête toujours tournée vers son agresseur.

« On attend quoi ? finit-elle par dire.
- T'occupe : tu te tais, et tout ira bien pour toi. »

Il avait bien insisté sur les deux derniers mots, prouvant une nouvelle fois ses craintes.
Cet homme était aussi facilement déchiffrable qu'un livre ouvert.
Maze ne put résister. Ce fut sa seule erreur.

« Ça fait quelques jours que vous n'avez pas rapporté de viande fraîche, et le Boss ne va pas être content. Vous essayez de vous rattraper avec moi, mais vous doutez qu'il soit satisfait, d'autant plus que mon comportement vous stresse. Il n'est pas banal. Vous allez mourir. »

Elle n'avait pas haussé le ton, elle n'avait pas accéléré le rythme de sa parole ; son agresseur, par contre, avait eu le temps de charger son revolver à nouveau, et de lui tirer dessus, énervé.
Il détestait que l'on se moque ouvertement de lui. C'était trop.

Maze étouffa un petit bruit, et du sang se mit à couler de son épaule. L'homme ne faisait plus attention à elle, mais elle était bien mal en point. Comment avait-elle pu dire ça ? Comment avait-elle pu le penser une seule seconde ? Comment avait-elle pu blessé cet homme qui ne semblait pas être méchant ? Maze était douce, trop douce. L'homme en question, Tim, n'était pas très futé, mais avait quinze ans d'expérience en la matière : tueur à gages depuis qu'il avait dû rembourser une dette, cela faisait quelques mois qu'il ratait consécutivement ses proies, s'appropriant la colère de son patron, comme l'avait si bien fait remarquer Maze.
Cette jeune fille ne représentait rien, rien du tout. C'était juste une pauvre idiote qui s'était retrouvée au mauvais moment au mauvais endroit ; mais elle n'était rien. Elle n'était pas une cible. Juste un déjeuner. Ce n'était pas assez. S'il manquait sa prochaine mission, il risquait de mourir, Tim le savait. Non, il allait mourir, c'était sûr.

~

Alors que Maze a déchiré un pan de sa robe pour panser son épaule, la porte s'ouvre.
Une large et haute silhouette apparait, et Maze a tout juste le temps d'apercevoir un cigare dans la bouche de cet homme qui semble être le patron. Il se rue sur elle ; elle perd toutes les forces qu'il lui reste et s'évanouit.

~

Les yeux toujours fermés, Maze écoutait attentivement les voix qui se dressaient au dessus de sa tête. La voix de Tim, assurément, et une autre, qui devait être celle du patron.

« C'est quoi cette merde que tu m'as ramené, abruti ?!
- C'est... c'est-à-dire que... elle était là et... j'ai... j'ai pensé que...
- Arrête de penser, idiot ! Et commence à agir !
- Oui, monsi...
- Ne réponds pas, insolent ! lui cria t-il en lui envoyant son poing en pleine figure. »

Ouvrir les yeux ne lui servirait pas à grand chose.
Tout son être lui faisait mal, son épaule n'étant plus qu'un souvenir. Pas exactement, non, mais c'était tout comme. Elle sentait les bleus que lui avait causés le patron, et elle avait mal. Cet homme avait une poigne incroyable, rien à voir avec celle de Tim, qu'elle avait pourtant jugée dure. Cet homme était plus qu'un tueur, c'était une arme !

Finalement, les voix s'estompèrent et la porte se referma. Maze attendit quelques minutes pour s'assurer que les deux hommes étaient bien partis. Elle ouvrit lentement les yeux. La pièce n'avait pas changé, et elle était allongée sur le sol, dans un coin. Elle tenta de se relever et laissa échapper une plainte rauque. Elle s'appuya contre le mur et jaugea son apparence d'une traite : le sang de son épaule avait coulé sur la plupart de sa robe, et ses bras étaient couverts d'ecchymoses. Elle n'osait pas voir son visage. De toute façon, il n'y avait aucun miroir.
Elle vira son regard vers la porte, tenta de se lever, s'effondra.
La porte s'ouvrit à nouveau, et Tim se précipita vers elle, l'attrapant avec délicatesse cette fois-ci.

« C'est bon, tu peux partir. On a plus besoin de toi. »

Il marqua une pause, plongea ses yeux dans ceux de la jeune fille, faillit pleurer mais se retint, se souvenant de la formation qu'il avait eue bien des années auparavant.
Maze sourit, ce qui acheva de le faire fondre en larmes.

« Il n'y a rien que je puisse faire pour vous aider ? »

Il répondit par la dénégation, observant de plus prêt l'épaule qu'il avait lui-même blessée. Il voulut s'excuser, elle le devança :

« Nul besoin de vous excuser, j'arriverai parfaitement à m'en sortir. »

Il sortit, avança vers le parc, courut, les larmes coulant sans qu'il puisse les en empêcher. Maze avait mal. Intérieurement.
Il la déposa sur l'herbe, exactement à l'endroit où elle s'était réveillée.

« Je suis désolée de vous avoir blessé. »

Il avala sa salive, repartit, et bien que personne n'eut eu l'ouïe aussi fine et précise, Maze put entendre le coup de feu qui retentit jusqu'au fond de son cœur. Elle avait la sensation d'avoir tué quelqu'un. Elle se sentait mal, terriblement mal.

Ses yeux s'embuèrent, elle bredouilla une phrase inintelligible, écarta les bras et les jambes en étoile, et ferma les yeux.

~

Le vent est ton ami. Il te suivra jusqu'au bout du monde, jusqu'à l'infini, jusqu'au Paradis et jusqu'en Enfer.
Tu sais ce qu'il te reste à faire. Prononce seulement ces quelques mots et vous serez liés pour l'éternité.

Le soleil éblouit la campagne. L'incendie enflamme la ville. Cette lumière raffermit les couleurs. Nous sommes tous avec toi. Tous. Pour toujours. Où que tu sois.

~

Lorsqu'elle se réveilla pour la énième fois, Maze se trouvait dans un lit douillet, tout chaud, qui sentait bon la lavande et l'abricot sec. Elle portait une très fine tunique noire et la balle dans son épaule avait été retirée. On avait appliqué de la pommade sur toutes ses blessures, on l'avait lavée et guérit. Elle était aux anges.
La salle où elle était allongée n'était pas très grande, mais l'immense fenêtre qui laissait traverser les rayons du soleil donnait une certaine impression d'espace. Une petite table de chevet siégeait à côté d'elle, d'une couleur aussi verte que ses cheveux, et sur laquelle il y avait un plateau remplit de gâteaux, de boissons et de fruits. Elle échangea quelques regards avec la nourriture, et de nature pourtant pas très gourmande, elle se jeta dessus en engloutissant voracement chaque aliment.

Quand elle se décida à se lever et à traverser le seuil de la porte, elle eut la bonne surprise de se retrouver dehors. Elle recula de quelques pas pour observer l'endroit où elle avait passé la nuit : une petite cabane au milieu de nulle part.

Si elle avait douté précédemment de l'existence des fées, elle était maintenant certaine qu'elles étaient réelles.

~

Cela faisait déjà plusieurs jours qu'elle avait quitté la cabane, emportant avec elles quelques provisions et de quoi survivre. Elle avait vagabondé de ville en ville, aidant quelques passants qui étaient malheureux.
Partout où elle passait, la douleur trépassait.
Les grimaces devenaient sourires, les pluies devenaient soleils, les larmes devenaient rires et l'accablement devenait joie.

~

Maze s'assit sur un banc, une bouteille de lait à la main. Elle leva les yeux au ciel, une nouvelle fois plongée dans ses pensées.

« Maze, à quoi tu penses ? »

Une voix de petite fille avait interrompu sa contemplation, mais elle fit mine de ne pas avoir entendu et continua à fixer les nuages. Si libres, si beaux. Elle se ravisa tout de suite : les nuages n'étaient pas libres, au contraire, ils étaient contraints à bouger selon l'humeur du vent.

« Maze, tu m'écoutes ? »

Elle tourna la tête vers ce visage enfantin. De petites mèches blondes barraient le petit minois d'Alice qui, les joues roses, semblait s'impatienter.

« Je suis là, je suis là mon ange. »

Elle releva la tête : « Je serai toujours là. »

▪ PSEUDO/PRÉNOM : Doude/Jade

▪ ÂGE : L'âge de l'année dernière + 1 !

▪ PRÉSENCE SUR LE FORUM : Moitié moitié. 5/10

▪ SUGGESTIONS ? No freaking way. J'suis admin d'façon.

▪ SINCÈREMENT, T'AS LU LE RÈGLEMENT ? Code validé par moi.

▪ AUTRE CHOSE ? ♥ Bah non. Rien. Je devrais dire autre chose ?